Genre : roman
Auteur : Sorj Chalandon (journaliste au Canard enchaîné, ancien reporter, prix Albert-Londres en 1988, auteur de 8 romans dont un prix Médicis : "Une promesse", un grand prix du roman de l'Académie française : "Retour à Killybegs", et un prix Goncourt des lycéens : "Le Quatrième mur").
Date de publication : 2019 chez Grasset
Titre : Une joie féroce
____________________________________________________________________
J'avais dévoré Le quatrième mur (2013, prix Goncourt des Lycéens) et Profession du père (2015) et ce nouveau roman de Sorj Chalandon ne m'a pas déçu. Acheté en quatrième vitesse l'année dernière, cela faisait déjà quelques mois que le roman attendait dans ma bibliothèque. Ce n'est qu'avant-hier que j'ai décidé de le commencer et je ne l'ai pas lâché. Un véritable « page-turner » comme disent nos amis anglophones.
Le style simple, épuré, fluide et agréable de l'auteur nous transporte page après page. J'ai été très déçue que le livre touche à sa fin.
Si le thème semblait déjà bien exploré : le cancer du sein, le journaliste/romancier a su le renouveler et l'aborder sous un nouveau jour. En effet, ce livre n'est pas seulement l'histoire de la souffrance de quatre jeunes femmes et de leur combat contre le cancer, c'est surtout l'histoire d'une aventure, l'histoire d'une amitié farfelue et l'histoire de quatre femmes avec des histoires bien à elles.
Chacun des personnages est attachant à sa façon. Je pourrais vous parler de Brigitte, une femme de la cinquantaine aventurière, douce, drôle et attentionnée mais je pourrais aussi vous parler d'Assia, sa compagne, « la princesse du Golfe », un mélange de fougue, de colère et de tendresse; sans pour autant oublier la jeune Mélody, « la môme », une belle blonde de vingt ans toujours accrochée à son scooter. Je pourrais enfin mentionner Jeanne, le personnage principal dont nous suivons l'aventure du début à la fin. Jeanne, « Ginger »,est une jeune femme de quarante ans à peine, une belle rousse « pulpeuse », une libraire passionnée, une femme mariée, mais dont le cancer du sein foudroyant et l'amitié nouvelle avec ces trois jeunes femmes va chambouler l'existence.
Les trois femmes et Jeanne vont se lancer dans une aventure dangereuse, un crime, « une vraie connerie ». Le roman a pour but de retracer les antécédents de ce crime et de chercher le motif qui les a poussées à faire une chose pareille : un besoin d'exister après avoir toutes les quatre frôlé la mort? L'amitié ? Ou une perte qu'elles ont toutes les quatre subi au cours de leur existence ?
Ce roman en fin de compte est un peu une forme de voyage initiatique avec ses obstacles (le cancer, la mort, la souffrance, les ruptures amoureuses, la trahison), et ses points positifs (l'amitié, l'amour, la solidarité) et à la fin on peut en tirer une seule conclusion : la force infinie que l'amour d'un enfant peut donner à sa mère.
Un extrait : « Depuis que j'avais emménagé chez les filles, mon journal avait changé. Terrorisés, sanglotant le long des premières pages, mes mots étaient devenus durs. Je ne pleurnichais plus, j'avais une joie féroce. Un matin j'avais écrit : « Mon destin m'échappe, c'est la première leçon du cancer. » En me couchant, le soir où les filles m'avaient dévoilé leur plan, j'avais rajouté dans la marge : « Se réapproprier rageusement son destin est la deuxième leçon ».
Marie B.
Comments