Que diriez-vous cette semaine de découvrir un roman de fantasy immersif, travaillé, féministe, avec des personnages LGBTQ+ et même des dragons? Vous êtes intrigués? Parfait. Laissez-moi donc vous présenter Le Prieuré de l’Oranger de Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree en version originale).
Le roman commence par deux crimes. Le premier se déroule dans la contrée de Seiki : une jeune femme sauve un étranger échoué sur la plage et le cache. C’est dans ce pays un acte passible de la peine de mort. Le second crime a lieu de l’autre côté de la mer, dans le Reinaume d’Inys : Ead, l’une des suivantes de la reine Sabran, égorge un assassin qui s’était introduit dans les appartements de la reine. Même si elle a sauvé la reine, au Reinaume d’Inys un meurtre est un meurtre, mais heureusement pour elle, personne ne l’a vue.
Ces deux évènements paraissent si éloignés l’un de l’autre qu’au début du roman on a du mal à tout relier, à comprendre les relations entre les personnages et à voir où l’autrice veut nous mener. Mais rapidement, une menace commune à tous ces pays, bien au-delà des assassins et des étrangers, apparaît. Le dragon légendaire, le Sans-Nom qui a été fait prisonnier par les ancêtres de la reine d’Inys il y a un millier d'années, menace de se libérer, et de déchaîner sa colère sur le monde. Face à ce retour imminent, deux solutions s’offrent aux différents pays : se soumettre au Sans-Nom et à sa loi, ou s’allier et tenter de le vaincre.
Ce roman, très prenant, prend place dans un univers complexe et fouillé. La longueur du roman (800 pages en version originale et près de 1000 pages en version française) permet à l’autrice de développer le caractère des personnages, leurs liens, leur personnalité, ce qui nous plonge encore davantage dans l’histoire. L’aspect le plus important de l’intrigue, et selon moi le plus intéressant aussi, est sa dimension politique. Il y a des alliances, des conflits d’intérêt, des vieilles rancœurs, des complots à la cour, des secrets, des chantages, etc. Et tout cela est exalté et accéléré par cette menace qu’est le Sans-Nom. Toute cette tension atteint son point culminant à la fin du roman… Et retombe comme un soufflé. Malheureusement, la fin de l’intrigue n’a pas su me séduire, et m’a juste fait me dire “Tout ça pour ça…?”. Mais la fin du roman lui-même rattrape amplement cette déception, et laisse sur une note plus que positive.
J’espère vous avoir convaincus de la qualité de ce roman. Je n’ai pas abordé certains des aspects que j’avais évoqués plus haut pour vous appâter, mais sachez qu’au même titre que la politique, ils font partie des aspects les mieux travaillés et les plus justes de cette œuvre.
Louise M.
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