Virginie Girod est docteur en histoire et civilisation de l’antiquité et spécialiste des périodes julio-claudienne et flavienne qui ont occupé ses années de doctorat. En ouvrant ce livre vous serez donc sûrs de la qualité des informations qui s’y trouvent, par ailleurs fortement référencées à l’aide de nombreuses notes organisées par chapitres. Pourtant, j’en ai été personnellement très déçue.
De quoi parle ce livre ?
Le titre fait directement référence, comme le mentionne l’auteur dans sa préface, à La Vie des Douze Césars de Suétone, parue au IIe siècle après J.-C. Elle propose ici de reprendre la vie de ces empereurs (ce terme n’est pas exact pour tous les hommes dont il s’agit mais il sera utilisé par soucis de simplicité), un par un, en occultant la subjectivité de l’historien romain dont l’oeuvre se voulait le support d’une propagande politique en faveur de l’empereur Hadrien (76 - 138 ap. J.-C.).
Douze chapitres se succèdent, chacun traitant d’un empereur romain, de César (qui n’a par ailleurs jamais été empereur) à Vespasien. Les chapitres sont rigoureusement organisés d’une façon similaire. Une introduction et une conclusion, dans une autre police, sont complètement romancés par l’auteur qui les présente comme une mise en situation permettant au lecteur de se plonger dans les chapitres comme dans de véritables romans imaginaires. La vie du César est présentée dans plusieurs sous-chapitres reprenant successivement sa naissance, sa famille, sa montée politique, ses mariages, sa prise de pouvoir, son gouvernement, sa mort ; le tout en quelques dizaines de pages.
Pour commencer par les points positifs, l’auteur sait ce qu’elle écrit, connaît la période, et c’est avec plaisir que les successions d’anecdotes se suivent pour le lecteur, qui n’a pas à remettre constamment en doute la véracité des propos évoqués. La sexualité à cette époque est le fonds de commerce de Virginie Girod et cela se sent tout au long de l’ouvrage. Personnellement cet aspect m’a gêné car je l’ai trouvé gratuit, mais si cela vous intéresse elle a écrit des ouvrages centrés sur cette thématique (à commencer par sa thèse).
Pour les points négatifs, la forme n’est pas au rendez-vous. C’est ce qui m’a personnellement fait décrocher plusieurs fois du livre. Les introductions et conclusions sont, disons le clairement, inutiles. Il n’y a pas de remise en contexte de la période historique, il faut donc s’y connaître un minimum. Les anecdotes se suivent et succèdent mais ne donnent qu’un visage très caricatural des empereurs, sans nuance. Par exemple, Auguste est décrit comme un homme froid et autoritaire tout le long de son chapitre, alors que plus loin, dans la vie d’un autre empereur, il joue avec des enfants pour la simplicité d’être avec des esprits libres qui ne sont pas préoccupés par les intrigues politiques. Bien sûr, il est difficile de faire mieux en si peu de pages et en voulant retracer le portrait de tant d’hommes. Mais il est indiqué en préface que l’auteur a étudié les derniers travaux en matière de psychanalyse pour permettre de tenter de percer les personnalités de ces Césars. Personnellement ce manque de nuance m’a presque autant gênée que la qualité de l’écriture. Les termes choisis sont des termes chocs. En réalité on pourrait croire qu’il s’agit là du livre d’un journaliste cherchant à faire sensation (j’ai mieux compris d’ailleurs, pourquoi les éloges apparaissant en bandeau de couvertures venaient d’un journal). Il est certain que les termes incisifs utilisés n’aident pas à apporter une quelconque nuance à tous ces portraits, ni à leur donner la subjectivité qui est prônée par l’auteur.
En résumé, le travail de fond est intéressant et instructif, il est fort à parier que vous apprendrez des choses en lisant ce bouquin. Mais si vous êtes amateur de belle littérature et surtout, d’objectivité, la littérature traitant des empereurs romains est abondante et je vous conseillerais de regarder les autres ouvrages existants sur le sujet avant de vous faire votre avis.
L.D.
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