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C. S. Lewis sur l’amour, le mariage et le deuil

cafelitterairedela

Dernière mise à jour : 13 déc. 2021


Très tôt dans sa vie, l’auteur britannique Clive Staples Lewis, connu pour avoir écrit les Chroniques de Narnia, est confronté au deuil. En 1902, son chien est tué par une voiture et C. S. Lewis, alors âgé de quatre ans, refuse qu’on l’appelle par un autre prénom que

« Jacksie », celui de son chien. Plus tard, Jacksie se transforme en « Jack », prénom par lequel ses proches l’appelleront toute sa vie. Cette mort est suivie par celle de sa mère atteinte du cancer en 1905. Mais ce n’est réellement qu’en 1960, suite à la mort de sa femme, Joy, qui souffrait également du cancer, qu’il comprend ce qu’est réellement le deuil.

En 1952, alors qu’il enseigne la littérature à l'université d’Oxford, il rencontre Joy Davidman, une poétesse américaine sur le point de divorcer. Tous les deux avaient précédemment entretenu une correspondance mais, alors que Joy est probablement amoureuse de Lewis, celui-ci recherche une simple amitié. Cette situation est reflétée dans un poème de Joy écrit en août 1933, bien avant leur rencontre : “I hate you for your kind indifference/ That tiptoes past the naked thing who cries/ A shocking lust; and, like a man of sense,/ Stares at my passion with a mild surprise; […]”* Il l’épouse en 1956 pour lui éviter un retour aux Etats-Unis, car sa demande de séjour est rejetée. Pourtant, cela ne change rien à leur relation qui est purement intellectuelle et tous les deux demeurent bons amis. Si c’est bien le cas au début, les sentiments de Lewis évoluent après la découverte de la maladie de Joy. Il lui redemande de l’épouser, seulement, cette fois, c’est un mariage chrétien. Leur histoire est notamment retracée dans le film Shadowlands (1993), réalisé par Richard Attenborough avec Anthony Hopkins (C.S. Lewis) et Debra Winger (Joy Davidman).

Après la mort de sa femme, un grand nombre des lettres de Lewis contiennent des réflexions sur le deuil : « […] at first one is sort of concussed and ‘life has no taste and no direction’. One soon discovers, however, that grief is not a state but a process–like a walk in a winding valley with a new prospect at every bend, (lettre à Peter Bide du 20 septembre 1960). Ces pensées se concrétisent lorsqu’il écrit en août un livre assez court qu’il nomme A Grief Observed. Il ne montre le manuscrit qu’à son ami Roger Lancelyn Green et à son agent Spencer Curtis Brown car ce qu’il y écrit est trop personnel. Pour ne pas être reconnu, il décide de ne pas le publier chez son éditeur habituel mais plutôt chez Faber & Faber qui était sous la direction du poète T.S. Eliot. Il envoie le texte sous le pseudonyme de « Dimidius » qui signifie « coupé en deux ». Cependant, T.S. Eliot, qui a deviné la plume de Lewis, lui recommande de publier le texte sous un nom anglais pour éviter d’éveiller la curiosité des lecteurs. Convaincu, Lewis adopte le pseudonyme de N.W. Clerk : « N.W. » désignant les initiales de « Nat Whilk » qui en anglo-saxon veut dire « je ne sais qui » et « Clerk » qui désigne « savant » en anglais médiéval ce qui reflète tout de même son intérêt pour la littérature du Moyen-Âge dont il est le spécialiste à Oxford. Suite à la publication de l’œuvre, certains de ses amis lui en conseillent la lecture, sans se douter qu’il en est le véritable auteur.

A Grief Observed prend la forme d’une rétrospection approfondie sur les différentes étapes du deuil mais aussi sur la place de l’amour et du mariage dans la vie de son auteur. L’écriture est profondément intime et sincère, car Lewis se protège derrière l’identité de N.W. Clerk comme lorsqu’il était enfant. Le lecteur est invité à partager les souffrances de

« Jack », et non pas de l’écrivain C.S. Lewis. Divisé en quatre grandes sections, l’œuvre propose une réflexion sur cette nouvelle manière de voir le monde à travers le deuil. Très proche d’un journal intime, sa vision évolue au fur et à mesure qu’il avance dans l’écriture comme s’il découvrait les étapes en même temps que le lecteur. Enfin, il fait part de son inquiétude concernant sa mémoire : bien qu’il souhaite se souvenir de Joy telle qu’elle était, il admet qu’avec le temps, ce souvenir est remplacé par l’imagination.


* Davidman Joy, A Naked Tree: Love Sonnets to C. S. Lewis and Other Poems



Margarita A.

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